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| Sujet: [Vent] Souffles Dim 7 Sep - 12:46 | |
| SOUFFLES
Souffle le vent d’est qui tremble
Et porte dans ses cris,
Des souvenirs terribles
Du temps où les hommes
Avaient choisi le génocide Pour asservir la vie.
Si les dictateurs ne sont plus les mêmes L’horreur est identique A ce qu’elle était.
Et ce vent de colère,
Qui pleure sur la plaine Nous courbe encore le dos
Sous le poids de tous ces corps meurtris,
Qui restent en nos mémoires,
Et sert de gardes fous A nos pensées maudites. Ils saluaient Hitler Leur habit était gris Et leurs yeux de brouillard
Comme ceux de tant d’autres S’éteignirent sous la pluie.
Quand la guerre fit rage Et que furent sacrifiées Des millions d’existences
Au nom d’une folie
Le vent de l’est raisonne encore
Dans ses emportements
Comme en fond sonore Du chant des partisans.
Souffle le vent du Sud
Qu’on appelle scirroco Il chante avec Fanny Marius et les cigales
Apporte dans ses joues Les odeurs de lavande, de thym De romarin et de figues
Qui dansent Tout en lui respire le bonheur
Pourtant, il brûle les yeux
De la tendre Antonia Et lui plante cruel Une épine dans le cœur
Quand il porte les chants Des montagnes de Corse Où les guitares se mêlent Aux cloches des brebis.
Tout dans son haleine respire Le soleil, la paix et la beauté
Alors pourquoi a-t-il fallu Que son amour meurt
Au nom dis-moi de quelle vérité
Un homme, un frère Lui aussi Français A-t-il pu sous couvert de révolte Lancer une Bombe
En criant « liberté ! » « Un sognu pe campe »
Mais sacrifier des vies N’est ce pas cher payer ?
Souffle le vent d’ouest En sifflant dans les rides Des baillives profondes Qui peuvent emporter Nos corps de marionnettes
Qui se baignent Dans les eaux torturées…
Hurle le vent d’ouest
Entre les grands rochers
Qui se dressent Tels des spectres de granit Dans l’océan glacé…
Elle se nomme Inès Et danse le flamenco
Elle sur le sol de France Lui celui de Bilbao
Il se nommait Jose Mais il a disparu Dans les pas de l’ ETA
Et n’est pas revenu…
Depuis le pays Basque
Jusqu’aux ports de Bretagne
Le vent est souvent
Un triste messager
Qui parle d’attentats
De naufrages et de larmes Qui brisent les cœurs Des femmes de là bas
Souffle le vent du Nord
Sur les plaines immenses, Les champs de blé sans fin Les plages qui s’étalent Et les dunes seul abris Contre ses rages folles.
Il est fort, il est âpre
Et quand il se déchaine Il nous coupe le souffle Nous force à nous plier
Il nous donne en prime Les ondées souveraines Qui se coulent chez nous.
Il apporte avec lui Les plaintes de l’Irlande Et de l’Angleterre Qui se sont massacrées
Il couvre les sanglots Des femmes de mineurs Qu’un coup de grisou A soudain balayés
Il porte les souffrances Des révoltes ouvrières Des grèves de nos pères Qui furent emprisonnés
Mais dont les cris de colère Traversaient les frontières
Car il portait en lui « Le chant des Ouvriers »
Est ce pour nous dire De ne jamais nous taire
Qu’il gronde si souvent Contre nos hauts clochers ?
Souffles des vents de l’est, du sud De l’ouest ou du nord
Vous êtes les drames de la vie Qui crient à nos oreilles Dans ce qu’elle a de dur, De terrible et d’extrême
Vous savez les douleurs Des humains qui se fondent Dans les brumes de peine
Avant les éclaircies Vous savez de vos voix
couvrir les cris de haine, Les pleurs des femmes Et celles des enfants Le bruit des fusillades Les plaintes des mourants
Si vous soufflez si fort Quand le monde tourne boule Est-ce pour nous protéger De la colère de Dieu? Père de l’humanité Qui ne comprend plus rien.
Quand frères entre les frères Nous nous haïssons tant Que nous tuons la terre A coups de violences Et de pollutions ?
C’est ce que je croyais Lorsque j’étais enfant
Mais lorsque vous repartez Terminer vos voyages Et que vous nous laissez Aquilons et zéphyrs Dans la fraîcheur du soir
La douceur des matins La joie reprend ses droits Les rêves se propagent Car vous emportez la fureur Avec vous…
Et l’on peut voir alors Lorsqu’elle fut destructrice
Comme d’un même élan
Les Hommes s’entraider Par la magie du cœur Ils s’aiment et se comprennent
Et créent des ponts d’amour Dans tous les continents.
Alors peu à peu Le monde se réveille Et repart courageux Vers d’autres expériences Dont la raison profonde
Se nomme ESPERANCE.
©Christian POULLEIN – 3 septembre 2008
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